lundi 5 décembre 2011

Quand nous chanterons le temps des litchis...


Ca y est la saison des litchis bat son plein ! Le litchi est déjà présent sur les marchés de la capitale et va donc arriver sous peu dans les supermarchés europééens. Le premier bateau est en mer même s’il semble d'après la presse (ici et ) que 2011 ne sera pas une année record. On peut donc penser que le consommateur devra payer ses litchis plus cher cette année.

Un peu de leçon de choses : les litchis sont riches en vitamine C et en glucides. Les abeilles apprécient le nectar des fleurs du litchi, elles en ont font un miel de qualité exceptionnelle.

La fructification a lieu de décembre à janvier. Lors de la cueillette on prélève avec la grappe une portion de tige et quelques feuilles pour éviter une déshydratation trop rapide des fruits. Cueillis ils ne se conservent que quelques jours puis se déshydratent en perdant leur couleur.

Un peu d'économie : la production malgache de litchi est estimée autour de 100 000 tonnes. Toutefois, une petite partie de cette production seulement est exportée. La zone ayant le plus fort potentiel de production est le littoral Est de Madagascar en raison du climat et de l’altitude, qui sont des conditions favorables à la culture du litchi. Les plantations s’étendent sur une surface d’environ 100 000 km² sur cette zone. La filière litchi est un des gros piliers de l’économie nationale dans le secteur agricole. Elle occupe et fait vivre environ 30 000 familles en milieu rural, et plus de 3 000 collecteurs et transporteurs.


Madagascar exporte principalement le litchi sous deux formes :

- le litchi frais avec branches : les fruits ne subissent aucune forme de traitement. Ils sont récoltés, triés et immédiatement emballés pour être expédiés par avion afin de garder leur couleur rouge et leur fraîcheur car ils ne peuvent être stockés trop longtemps.

- Litchi soufré : les fruits sont traités à l’anhydride sulfureux. C’est un moyen de conservation pour garder la qualité du fruit durant le transport. C’est le seul traitement accepté et validé par les normes de l’Union Européenne.

Sur le plan international, Madagascar dispose d’un atout majeur par rapport à d’autres concurrents, qui sont des gros producteurs (Indonésie, Chine…). En effet, grâce à sa position dans l'hémisphère sud Madagascar peut fournir à l’Europe le litchi pour les fêtes de Noël et de fin d’année.



Et pour finir, un tour par la cuisine : pour notre propre consommation, une sobika (couffin) de letchis cueillis vendredi dans la région de Manakara a été rapidement transformée durant le week-end en confiture et en rhum arrangé. Mmm !
La cuisson de la confiture a parfumé toute la maison et le résultat n’est pas décevant : un goût subtil et très délicat… Par contre pour le rhum arrangé 2 mois d’attente seront nécessaires avant de passer à la dégustation…


La matière première...


La mise en oeuvre...


Les résultats gourmands...








lundi 25 juillet 2011

Giga et Desie, nos chiennes malgaches



A Madagascar, il n’y a pas de chiens endémiques : avant l’arrivée des premiers habitants, il n’y avait aucun canidé sur l’île, les hyènes, renards et autres chacals n’ayant pas franchi le canal du Mozambique qui sépare Madagascar de l’Afrique.

On ne sait pas quand et comment le premier chien est arrivé, on remarque seulement que tous les exemplaires de celui qu’on appelle « alika gasy », le chien malgache, et qui se rencontre dans l’ensemble du pays, souvent comme chien des rues, se ressemblent même s’ils en forment pas une « race » au sens des cynophiles.

L’Alika gasy appartient au groupe du Canis domesticus, c’est une race naturelle qui, sans intervention humaine, est restée assez uniforme, particulièrement dans les régions de l’île où peu d’occasions de croisement avec des chiens européens se sont présentées. Il ressemble beaucoup au Dingo : taille moyenne, poil raide presque lisse, plutôt brun clair. Plutôt placide et rarement agressif, il constitue cependant un danger en tant que propagateur de la rage, d’où à certaines périodes des exterminations massives de chiens errants.

Notre chienne, Desie, est d’une extrême gentillesse avec ses maîtres, très douce dans ses manières, mais d’une intelligence plutôt limitée. D’un caractère jaloux, elle supporte assez mal les autres animaux… dont curieusement les chiens errants du quartier !

Desie doit maintenant cohabiter avec l’autre chienne malgache, la petite Giga, Coton de Tulear, âgée de 3 mois.

Le Coton de Tulear (Tulear est une ville sur la côte sud-est de Madagascar) est d’une provenance incertaine. On dit que ce sont des marins et des voyageurs européens qui ont apporté à Madagascar des Bichons, très à la mode au XVIème siècle, et que ceux-ci se sont mélangés avec des chiens locaux et d’autres chiens importés. La sélection naturelle qui s’est opérée sur 4 siècles, donc 300 à 400 générations, a permis d’arriver à un petit chien extrêmement adapté aux conditions de vie qu’il avait à affronter. Son poil blanc, long et cotonneux lui assure une bonne isolation thermique. Eveillé, vif, rapide à la course, il a ainsi développé ses aptitudes à la survie. Les Français vivant ou séjournant à Madagascar ont apporté des Coton en France, où il est reconnu comme race depuis 1970.

Pour le moment notre Giga, avec sa bouille rigolote, essaie de s’adapter à sa nouvelle vie, son nouvel environnement et sa nouvelle alimentation.

Elle ne nous fera pas oublier Mesta, le chat, né en 2001 sur l’île grecque de Chios, dans le village dont il portait le nom et mort empoisonné à Tananarive en juin dernier.

Compagnon des bons et des mauvais jours, véritable globe-trotter, il nous a donné son affection et son amitié pendant 10 ans. Après avoir vécu à Athènes, en Martinique, à Strasbourg, avoir survécu à 15 jours d’errance dans la zone de frêt d’Orly en 2002, avoir emprunté tous les moyens de transport imaginables ou presque, avoir échappé aux roues des voitures et aux mangeurs de chats martiniquais, il a fini sa vie de manière tragique sur le sol malgache. Nous ne l’oublierons pas.

dimanche 17 juillet 2011

Le studio de photo ambulant

Dans le cadre du Mois de la Photo qui se déroule en ce moment à Tananarive, plusieurs expositions se tiennent à travers la ville.

Mais le plus amusant, le plus étrange et le plus "nostalgie" c'est sans conteste le studio ambulant de Mr Jules Andrianarijaona, qui a élu domicile pour l'occasion sous les arcades de l'Avenue de l'Indépendance.

Mr Jules a longtemps travaillé dans le quartier d'Analakely où il était surnommé "Mr Photo-à-la-minute". Il avait pris la succession de son grand-père et de son père qui l'avait formé à la prise de vue, au développement, au tirage et à la fabrication de la chambre noire. Aujourd'hui il s'est retiré du métier.


Il opère avec un appareil de sa fabrication qui permet non seulement d'effectuer la prise de vue, mais également de développer et de tirer les photos. C'est à la fois son studio et sa chambre noire.
Pour prendre une photo, il règle pendant quelques minutes la visée, tire sur un petite câble, introduit sa main dans un trou juste derrière le boîtier. Ensuite, il sort le négatif, le rince dans l'eau, l'installe au bout d'une longue tige face à l'objectif et au final sort un tirage.


Le résultat ? Des photos d'un autre âge, comme sorties d'un vieil album de famille...


Il y a foule autour du studio ambulant, une foule de jeunes fascinés, plutôt habitués aux photos prises avec des téléphones ou des appareils numériques. Comme si ce retour à des techniques simples - et sans électronique - relevait du miraculeux...




Même la blogueuse sera exposée en négatif et en positif...





lundi 27 juin 2011

Balade en Micheline de Tananarive à Andasibe

Une excursion amusante et instructive – et pas fatigante – qu’il ne faut pas manquer de faire, c’est le parcours Tana-Andasibe (où se trouve un parc fameux pour ses lémuriens et sa forêt primaire) et retour, à bord de la Micheline…

La micheline, avec sa gueule d’autobus, est un autorail dont les roues sont équipées de pneus spéciaux, mis au point (Graphie) par la société… Michelin dans les années 1930. Cette invention (André Jules Michelin (Paris, 16 janvier 1853 - 4 avril 1931) est un ingénieur et industriel français, centralien de la...) avait pour objectif d'améliorer le confort des voyageurs. Elle a nécessité la mise au point d'un pneu-rail creux spécial, capable de rouler sur la surface (Une surface désigne généralement la couche superficielle d'un objet. Le terme a plusieurs acceptions, parfois objet géométrique, parfois frontière physique, et est souvent abusivement confondu avec sa...) de roulement ( En mécanique, le roulement, et plus précisément le roulement sans glissement, est le mouvement d'un corps qui reste en contact avec une surface d'appui sans glisser, qui s'entend...) réduite offerte par le champignon du rail (Un rail (ou lisse en québécois) est une barre d’acier profilée. Deux files parallèles de rails mis bout à bout forment une voie ferrée. Ils reposent alors généralement sur des...), de franchir les aiguillages et aussi capable de résister à la charge (La charge utile (payload en anglais ; la charge payante) représente ce qui est effectivement transporté par un moyen de transport donné, et qui donne lieu à un paiement ou un bénéfice non pécuniaire pour être transporté.) de véhicules ferroviaires.

Il fallut également construire des véhicules assez légers, en utilisant des techniques venues de l'aviation. Le nom de " micheline " a été donné par la suite, abusivement mais de façon familière, à tous les autorails.

A Madagascar la première Micheline arrive en 1932 à Tamatave. Elle va circuler sur la ligne Tananarive-Tamatave. En 1955 « l’autorail express Michelin » de 1ère classe relie en 8 heures les deux villes 4 fois par semaine dans chaque sens ainsi que les jours d’arrivée et de départ des paquebots. Les trains omnibus quotidiens avec leurs 3 classes mettent eux 14 h 30 pour parcourir les 369 kms. En 1962 les Michelines sont remplacées par des autorails De Dietrich plus puissants. Elles ne serviront plus qu'à des services occasionnels à caractère touristique jusqu'à l'épuisement du stock des pneumatiques dont la fabrication avait été abandonnée en 1972.

En 1995, la première Micheline restaurée reprend le service des trains touristiques à Madagascar. Réaménagée grâce à ses accessoires d’origines précieusement conservés, et qui ont pu y être replacés, on y trouve 19 fauteuils confortables en osier, un coin bar à l’arrière autrefois réservé aux bagages, un cabinet de toilette et un parquet en bambou.

photo d'aujourd'hui...

et photo d'époque...

L’équipage est formé d’un conducteur, de deux mécaniciens et de deux hôtesses.

La Micheline circule sur le tronçon Tananarive-Andasibe (148 km) qu’elle parcourt en 4 heures avec 2 arrêts à touristiques. Le départ se fait à la Gare de Soarana (gare principale de Tananarive). La voie contourne ensuite la ville, remonte le cours de l’Ikopa puis remonte divers affluents. A Carion la ligne rejoint la R.N. 2. Au P.K 38, se situe le point culminant du parcours : 1508 m.

On passe à Manjakandriana, puis après avoir traversé des rizières et des bois d’eucalyptus, on descend la vallée de la Mandraka. La vallée s’élargit ensuite pour former la vaste plaine du Manambolo. La voie est accrochée à flanc de montagne et la micheline parcourt de nombreux lacets et tunnels.

Au P.K. 82 la ligne accomplit un tour complet sur elle-même en formant un impressionnant tracé hélicoïdal (la boucle d’Anjiro) qui lui permet de franchir une dénivellation de 16 m.

Après la traversée de la Mangoro

puis celle de la ville de Moramanga, la Micheline entre en gare d’Andasibe.

Le voyage n’est pas sans surprises avec quelques petits incidents de parcours, en général une (voire plusieurs pour les chanceux) crevaison, mais les deux mécaniciens expérimentés changent la roue presque en un instant. La panne de klaxon a également été réparée immédiatement – le klaxon étant un élément essentiel pour chasser (parfois au dernier instant) les piétons qui circulent imprudemment sur la voie ferrée et prévenir les automobilistes aux passages à niveau qui ne sont en général ni sécurisés ni gardés.

Pour réserver voir Madarail qui propose sur son site le calendrier des excursions.






mercredi 16 mars 2011

Circuler dans Tana

Il faut des nerfs d'acier et un certain sens de l'humour pour se déplacer dans cette ville, où règne vraiment en matière de circulation quelque chose qui ressemble à la loi du plus fort.

Le taxi-be y grille la priorité à absolument tout le monde et ignore superbement tous les autres minables usagers de la route, depuis la voiture 4x4 et le taxi 4L jusqu'au piéton. Je crois que le chauffeur de ce mini-bus rêve d'un monde parfait où il aura écrasé tous les piétons et réduit à néant tous les autres moyens de transport ! D'ailleurs il donne l'exemple car chacune des autres catégories se comporte de la même façon avec ceux qui se situent en-dessous d'elle sur l'échelle des moyens de locomotion. La règle, la seule qui fonctionne, c'est le « moi d'abord, les autres ensuite ».

Des exemples, j'en collectionne chaque jour. Que penser du conducteur qui prend le rond point à l'envers, histoire de gagner quelques places dans l'embouteillage ? Et de celui qui te double en pleine ville et te coince en scotchant dangereusement ton aile avant pour te passer devant ? Il sait bien que tu vas céder, que tu vas avoir peur de l'accrochage. Et après avoir forcé le passage, il te fait merci de la main, je le tuerais !

Les fameux taxi-be s'arrêtent n'importe où au milieu de la chaussée, et de préférence en dehors des arrêts, c'est plus marrant car ça bloque tout le trafic. Ils s'arrêtent sans faire usage du clignotant (en ont-ils seulement ?) et repartent de même. De toute façon si un automobiliste met son clignotant, grosse grosse méfiance, car en général il fait le contraire de ce qu'il indique : on clignote à gauche pour se garer à droite. Cela reste un mystère total pour moi. Heureusement, rares sont ceux qui usent du clignotant. Pareil pour les feux stop, ils ne marchent que sur les beaux 4 x 4, il n'y a donc pratiquement pas un taxi (4L et 2 CV essentiellement) qui ait les stops en état de fonctionner.

Le parc automobile est dans un état proche de l'agonie (sauf bien sûr les fameux 4 x 4), d'où des voitures en panne à tout bout de champ, situation qui s'aggrave quand il pleut et qui ne contribue vraiment pas à la fluidité du trafic... Je préfère ne pas évoquer la couleur et la taille des nuages de fumée qui s'échappent de beaucoup de tuyaux d'échappement.

Les piétons ? Je ne sais pas comment ils survivent ni combien se font écraser... Les rares passages cloutés ne sont pas respectés et à la limite ils peuvent se révéler dangereux : la voiture qui a l'idée saugrenue de s'arrêter pour laisser traverser le malheureux piéton peut se faire doubler, par un scooter par exemple, c'est vicieux les scooters, et là le piéton peut se préparer à faire un vol plané. Et il n'est pas sûr du tout que le conducteur du deux-roues s'arrêtera pour ramasser l'infortuné piéton (vu de mes propres yeux). Ces pauvres piétons, eh bien ils marchent où ils veulent, mais surtout où ils peuvent, car les trottoirs dans bien des rues sont accaparés par les marchands « informels », que la CUA (Communauté Urbaine d'Antananarivo) a entrepris depuis une année de chasser mais qui réapparaissent sans cesse.

Ceux qui me font vraiment pitié ce sont les pauvres hères qui tirent et poussent les charrettes à bras, souvent avec une charge importante. Parfois certains conducteurs distraits ou blasés ne les laissent pas passer au milieu d'un carrefour, alors que la côte est raide, les obligeant ainsi à retenir de toute leurs forces le poids de leur chargement...

Une vraie aventure que de circuler dans Tana – où il n'existe pas un seul feu rouge...

Cette semaine le quotidien Midi Madagasikara évoque aussi la question de la circulation : c'est ici.


Le Fanorona


Le Fanorona semble être issu du jeu d'Alquerque, un jeu originaire des pays arabes et datant de plus de 3000 ans. L'Alquerque amené à Madagascar par les commerçants arabes devint le Fanorona vers le 17-ème siècle ou même plus tôt.

Le Fanorona est un jeu de stratégie typique de Madagascar. Le jeu n'a rien à voir avec les Echecs par exemple, où l'échiquier est un véritable champ de combat et les protagonistes n'hésitent pas à sacrifier les pions et les pièces pour mater le Roi adverse. Le Fanorana se joue dans le même esprit, relativement pacifique, que le jeu de Go ou le jeu de Dames. Celui qui gagne la première partie doit donner une revanche (vela) à son adversaire.

Il y a trois variantes du Fanorona. La plus simple, jouée avec une grille 3 x 3 est appelé Fanoron-Telo. La seconde variante, Fanoron-Dimy, est jouée sur une grille 5 x 5 identique à celle de l'Alquerque. Enfin le plus grand et le plus connu est appelé Fanoron-Tsivy ou tout simplement Fanorona, il se joue sur une grille de 5 x 9 voir la photo prise au cours d'une randonnée.

dimanche 13 mars 2011

Affluence dominicale sur les lieux de culte traditionnel (Doany) nombreux autour d'Antananarivo.






En Imerina, comme partout à Madagascar, la famille est la cellule sociale, garante de l'ordre établi, humain ou divin, autrement dit, de la tradition. Selon le Pr Gerald Donque, en 1968, la religion ancestrale croit en l'existence d'un Dieu créateur (Andriamanitra, Andriazanahary) "qui s'est désintéressé de sa création" et de dieux secondaires- "qui interviennent constamment dans l'action des hommes" ("Vazimba", fétiches ou idoles, ancêtres (Razana)...) à la puissance extraordinaire.
Ce sont ces divinités qui gardent l'ordre établi et punissent ceux qui le transgressent. Elles mêmes sont protégées par toutes sortes d'interdits (fady) intangibles, dont la violation entraîne une sanction sévère. "Ainsi sont limitées l'initiative et la liberté des humains, aussi bien dans le temps (jours fastes et jours néfastes) que dans l'espace (lieux sacrés) et le comportement (interdictions ou obligations diverses)".
Celleci se traduit sur de nombreux plans. D'abord, dans la vie quotidienne : "manger accroupi au sol, port du lamba chez les femmes, du malabar chez les hommes, absence de chaussures, souhaits et répliques stéréotypés à toute occasion". Ensuite dans la mentalité : "nostalgie d'un passé plus ou moins idéalisé et représenté comme l'Age d'or, discrétion parfois assimilable à de la passivité ou de l'indifférence, respect d'autrui et plus encore des personnes âgées, dont les paroles et les actes sont forcément bons et vrais...".
"Un des aspects les plus intéressants de ces croyances est la persistance des cultes traditionnels, malgré l'appartenance de leurs fidèles au christianisme". Ces cultes se déroulent en certains lieux, autour d'une pierre, d'un arbre, d'une source, considérés comme sacrés, souvent réputés comme sacrés, souvent connus pour abriter des "Vazimba" ou les mânes d'ancêtres.
C'est là qu'à diverses périodes, des sacrifices ont lieu "le sang ou la graisse d'une volaille servant à oindre la pierre, par exemple", des offrandes sont déposées (miel, fruits, pièces de monnaie...), "des danses et des chants accompagnés de gestes et de postures empruntés aux religions s'y déroulent...".

lundi 21 février 2011

Taxi-be story

Andrian Ndzack signe dans L'Express de Madagascar du 21 février un article plein d'humour qu'il consacre aux taxi-be ("be" signifie grand), la variante urbaine du taxi-brousse. On y sent le vécu...
Les photos par contre sont prises sur mon chemin domicile-travail.

Ces taxi-be nommés délires

La semaine dernière, ont été inaugurés de la manière la plus officielle qui soit, de nouveaux abris-bus, sur la ligne 119 qu’on désigne pilote du projet. Pour ma part, à un moment donné, j’ai pensé à une chronique culturelle journalière que j’aurais alors baptisée « Taxi be story ». Car il me suffit l’expérience quotidienne de ce moyen de transport urbain pour, toujours, discerner dans le lot des trajets que j’y fais un thème forcément captivant. Le taxi be est un lieu commun où s’interagissent des personnalités issues de couches diverses, un forum où s’échangent des commentaires des plus inattendus, des points de vue des plus variés. Du médiocre, en passant par le candide, l’insensé et le farfelu jusqu’au franchement lucide, voire génial... On a tendance à l’omettre, mais le taxi be est une marmite où mijote un vrai bouillon de la culture urbaine contemporaine. On y parle de tout, rarement de rien. Ils s’y entrechoquent autant les tempéraments, les humeurs que les individus eux-mêmes. Parce que prendre le taxi be est une aventure quotidienne, et c’est aussi prendre le risque de rixe.
Inutile de réitérer son degré de nécessité dans nos croisades quotidiennes, les courses effrénées que nous y menons contre la montre. Les lignes des Betax (on les désigne ainsi en verlan) quadrillent tout le réseau routier de la ville et ses périphériques. Dans la mémoire inconsciente, le nom d’un quartier est, généralement, associé au numéro du taxi-be qui y opère. Vu le prix du carburant, des accessoires automobiles même ceux qui possèdent une voiture optent aujourd’hui pour le betax. Pour un moindre coût, on voyage d’un bout à l’autre de la cité. Folklores et autres faits désobligeants en sus.

Parce que le taxi be est une nécessité, et est un mal nécessaire. Je vous rappelle ici quelques particularités qui font l’unicité de ce véhicule urbain. On observe que les passagers ont acquis l’aptitude bizarre de se plier en quatre. Des sièges, prévus dans les normes d’origine pour trois personnes, en accueillent quatre voire plus. Même avec le strapontin - microscopique - posé, je ne peux m’empêcher une moue en voyant entrer dans le mini bus cette dame aux formes plus que généreuses qui vient s’installer à mon côté. Quand elle va se lever pour laisser sortir ou entrer un passager ou, encore, quand le receveur fait une manœuvre acrobatique pour ses transactions, j’ai le reflexe de me protéger le visage ou autres parties du corps pour ne pas avoir à subir un coup ou pire me retrouver face-à-face avec un postérieur… Les receveurs, ou « goals » comme on les appelle, ont développé des techniques pour pallier les resquilleurs, ils en ont adopté une attitude à l’arrogance rare, un langage des plus fleuris… Attention, on ne touche pas aux « chefs », ils sont exemptés de frais de transport, surtout quand ils portent l’uniforme pour prendre le taxi be. Et généralement, le goal est assis sur le « mur », le petit promontoire situé derrière le siège du chauffeur des minibus, pour compléter le versement, il vous cède volontiers la place. Vous devez alors, en plus de vous plier en quatre, vous faire tout petit, vous accommoder de vos genoux coincés entre les jambes d’un vis-à-vis dont vous évitez le regard à chaque fois que le véhicule tangue dans un tournant particulièrement serré que le chauffeur aura pris en quatrième vitesse.

Car en plus de l’exigüité du taxibe, des doses hautement élevées de promiscuité et de relents corporels inconfortables, les passagers se coltinent un remake live de « the Fast and the furious » (Rob Cohen, Universal pictures, 2001) en raison des logiques seulement dépendantes des chauffeurs de ces engins. Les betax, leurs chauffeurs et leur humeur, qui ont troqué leur permis de conduire contre une licence tout permis, véritables causes des bouchons de natures diverses les plus tenaces en ville…
« Taxi be story » et j’en passe… Les formations intensives des chauffeurs et des goals se font dans la tradition locale du « adinodino de mort » (on laisse courir et on oublie). Si je n’ai aucune idée du nombre exact des taxibe, je sais, cependant, qu’ils sont ceux qui enregistrent dans la cité le nombre le plus élevé d’insultes verbales ou non dans une journée – et qui s’y accommodent-. Le taxi be, pourtant, en plus d’être un fait social et de culture, est un espace public.



jeudi 10 février 2011

Le monastère bénédictin de MAHITSY AMBOHIMANJAKARANO


Le monastère de Mahitsy fut fondé suite à l’encouragement du Pape Pie XI de fonder des monastères en pays de mission. L’Eglise n’est vraiment fondée que quand elle compte des maisons de prière contemplative. Avant la guerre, la Pierre-qui-Vire avait déjà fondé au Vietnam Dalat (1936) et Tien-An (1938), puis au Cambodge (1950).

En 1954, la Pierre-qui-Vire envoya 4 moines à Madagascar à la demande des évêques et selon le souhait des Bénédictines d’Ambositra, monastère fondé en 1934 par Vanves. Le P. Abbé Denis Huerre, osb., s’était préalablement excusé de ne pouvoir répondre à la demande du Vicaire Apostolique : le futur monastère ne prendrait pas en charge le petit séminaire de Siloos. Quatre emplacements ayant été proposés, P. Denis avait laissé les 4 fondateurs choisir et l’unanimité se fit sur le site actuel, Ambohimanjakarano, assez éloigné de la capitale (37 km) mais pas trop difficile d’accès.

Le monastère dut néanmoins faire une route, un détour de 15 km étant nécessaire pour y parvenir en saison des pluies. Cette route est maintenant l’axe principal vers le Nord.

Pendant 18 mois les fondateurs furent logés par le collège Saint Michel qui leur prêtait une maison de colonies de vacances. Dès cette époque des jeunes et aspirants sont venus les rejoindre, premier contact avec le monde malgache. C’est en avril 1956 qu'ils se sont installés sur la montagne d’Ankazomby (1543 m) ; ils y ont dressé une statue de la Vierge tournée vers Tananarive.

La première construction provisoire aura duré 35 ans. Tous les bâtiments du monastère furent renouvelés en dur sur le même lieu, sauf l’église encore en terre crue. Dès 1958 l’hôtellerie a pu accueillir des retraitants et des groupes. Les 3 premiers frères émirent leurs premiers vœux en 1956-57, leurs vœux solennels en 1961 et furent ordonnés prêtres en 1963-64.

jeudi 13 janvier 2011

Une nouvelle naissance pour l'Hôtel de ville de Tana

Le 11 décembre 2010 a été inauguré en grande pompe l'Hôtel de ville de Tana reconstruit. Cette journée et celles qui ont suivi ont été l'occasion de cérémonies et de réjouissances diverses, les autorités ayant fait coïncider l'évènement avec la proclamation de la 4ème République, à la suite du référendum constitutionnel du 17 novembre dernier.


Renaît donc cet édifice initialement construit en 1935 par l'architecte Jean Henri Collet de Cantalou, à qui on doit tous les bâtiments à arcades de l'actuelle avenue de l'Indépendance.
Durant la période coloniale, 40 administrateurs se sont succédé à la gestion de la ville de Tananarive. Les 16 derniers ont exercé leurs fonctions à l'Hôtel de Ville, avant l'arrivée du premier maire malgache en 1956.




En mai 1972 les revendications des étudiants dégénèrent en un mouvement populaire contre le régime de Philibert Tsiranana, le premier président de la République malgache. Le samedi 13 mai 1972 dans la matinée les manifestants incendient l'Hôtel de ville. Durant des heures ,devant des milliers de gens, les flammes ont embrasé le ciel de la capitale sans intervention des pompiers.
Pendant 38 ans la mairie a été dotée d'un siège dans le quartier de Tsimbazaza sans aucun projet de reconstruction de l'édifice détruit. Le champ de ruines est alors converti en jardin public.


Grâce à un appui financier important de la ville de Paris, le chantier peut enfin commencer en 2008 sous la houlette de l'architecte Mamy Rajaobelina.
Le nouvel hôtel de ville n'est pas la copie conforme de l'ancien mais il en a repris l'allure générale, en conformité de style avec les immeubles de l'avenue. On peut regretter que l'aménagement d'une vaste esplanade ait définitivement supprimé la circulation tant piétonne qu'automobile devant le bâtiment, une esplanade ornée de jeux d'eau mais curieusement fermée au public par du grillage...