lundi 21 février 2011

Taxi-be story

Andrian Ndzack signe dans L'Express de Madagascar du 21 février un article plein d'humour qu'il consacre aux taxi-be ("be" signifie grand), la variante urbaine du taxi-brousse. On y sent le vécu...
Les photos par contre sont prises sur mon chemin domicile-travail.

Ces taxi-be nommés délires

La semaine dernière, ont été inaugurés de la manière la plus officielle qui soit, de nouveaux abris-bus, sur la ligne 119 qu’on désigne pilote du projet. Pour ma part, à un moment donné, j’ai pensé à une chronique culturelle journalière que j’aurais alors baptisée « Taxi be story ». Car il me suffit l’expérience quotidienne de ce moyen de transport urbain pour, toujours, discerner dans le lot des trajets que j’y fais un thème forcément captivant. Le taxi be est un lieu commun où s’interagissent des personnalités issues de couches diverses, un forum où s’échangent des commentaires des plus inattendus, des points de vue des plus variés. Du médiocre, en passant par le candide, l’insensé et le farfelu jusqu’au franchement lucide, voire génial... On a tendance à l’omettre, mais le taxi be est une marmite où mijote un vrai bouillon de la culture urbaine contemporaine. On y parle de tout, rarement de rien. Ils s’y entrechoquent autant les tempéraments, les humeurs que les individus eux-mêmes. Parce que prendre le taxi be est une aventure quotidienne, et c’est aussi prendre le risque de rixe.
Inutile de réitérer son degré de nécessité dans nos croisades quotidiennes, les courses effrénées que nous y menons contre la montre. Les lignes des Betax (on les désigne ainsi en verlan) quadrillent tout le réseau routier de la ville et ses périphériques. Dans la mémoire inconsciente, le nom d’un quartier est, généralement, associé au numéro du taxi-be qui y opère. Vu le prix du carburant, des accessoires automobiles même ceux qui possèdent une voiture optent aujourd’hui pour le betax. Pour un moindre coût, on voyage d’un bout à l’autre de la cité. Folklores et autres faits désobligeants en sus.

Parce que le taxi be est une nécessité, et est un mal nécessaire. Je vous rappelle ici quelques particularités qui font l’unicité de ce véhicule urbain. On observe que les passagers ont acquis l’aptitude bizarre de se plier en quatre. Des sièges, prévus dans les normes d’origine pour trois personnes, en accueillent quatre voire plus. Même avec le strapontin - microscopique - posé, je ne peux m’empêcher une moue en voyant entrer dans le mini bus cette dame aux formes plus que généreuses qui vient s’installer à mon côté. Quand elle va se lever pour laisser sortir ou entrer un passager ou, encore, quand le receveur fait une manœuvre acrobatique pour ses transactions, j’ai le reflexe de me protéger le visage ou autres parties du corps pour ne pas avoir à subir un coup ou pire me retrouver face-à-face avec un postérieur… Les receveurs, ou « goals » comme on les appelle, ont développé des techniques pour pallier les resquilleurs, ils en ont adopté une attitude à l’arrogance rare, un langage des plus fleuris… Attention, on ne touche pas aux « chefs », ils sont exemptés de frais de transport, surtout quand ils portent l’uniforme pour prendre le taxi be. Et généralement, le goal est assis sur le « mur », le petit promontoire situé derrière le siège du chauffeur des minibus, pour compléter le versement, il vous cède volontiers la place. Vous devez alors, en plus de vous plier en quatre, vous faire tout petit, vous accommoder de vos genoux coincés entre les jambes d’un vis-à-vis dont vous évitez le regard à chaque fois que le véhicule tangue dans un tournant particulièrement serré que le chauffeur aura pris en quatrième vitesse.

Car en plus de l’exigüité du taxibe, des doses hautement élevées de promiscuité et de relents corporels inconfortables, les passagers se coltinent un remake live de « the Fast and the furious » (Rob Cohen, Universal pictures, 2001) en raison des logiques seulement dépendantes des chauffeurs de ces engins. Les betax, leurs chauffeurs et leur humeur, qui ont troqué leur permis de conduire contre une licence tout permis, véritables causes des bouchons de natures diverses les plus tenaces en ville…
« Taxi be story » et j’en passe… Les formations intensives des chauffeurs et des goals se font dans la tradition locale du « adinodino de mort » (on laisse courir et on oublie). Si je n’ai aucune idée du nombre exact des taxibe, je sais, cependant, qu’ils sont ceux qui enregistrent dans la cité le nombre le plus élevé d’insultes verbales ou non dans une journée – et qui s’y accommodent-. Le taxi be, pourtant, en plus d’être un fait social et de culture, est un espace public.



jeudi 10 février 2011

Le monastère bénédictin de MAHITSY AMBOHIMANJAKARANO


Le monastère de Mahitsy fut fondé suite à l’encouragement du Pape Pie XI de fonder des monastères en pays de mission. L’Eglise n’est vraiment fondée que quand elle compte des maisons de prière contemplative. Avant la guerre, la Pierre-qui-Vire avait déjà fondé au Vietnam Dalat (1936) et Tien-An (1938), puis au Cambodge (1950).

En 1954, la Pierre-qui-Vire envoya 4 moines à Madagascar à la demande des évêques et selon le souhait des Bénédictines d’Ambositra, monastère fondé en 1934 par Vanves. Le P. Abbé Denis Huerre, osb., s’était préalablement excusé de ne pouvoir répondre à la demande du Vicaire Apostolique : le futur monastère ne prendrait pas en charge le petit séminaire de Siloos. Quatre emplacements ayant été proposés, P. Denis avait laissé les 4 fondateurs choisir et l’unanimité se fit sur le site actuel, Ambohimanjakarano, assez éloigné de la capitale (37 km) mais pas trop difficile d’accès.

Le monastère dut néanmoins faire une route, un détour de 15 km étant nécessaire pour y parvenir en saison des pluies. Cette route est maintenant l’axe principal vers le Nord.

Pendant 18 mois les fondateurs furent logés par le collège Saint Michel qui leur prêtait une maison de colonies de vacances. Dès cette époque des jeunes et aspirants sont venus les rejoindre, premier contact avec le monde malgache. C’est en avril 1956 qu'ils se sont installés sur la montagne d’Ankazomby (1543 m) ; ils y ont dressé une statue de la Vierge tournée vers Tananarive.

La première construction provisoire aura duré 35 ans. Tous les bâtiments du monastère furent renouvelés en dur sur le même lieu, sauf l’église encore en terre crue. Dès 1958 l’hôtellerie a pu accueillir des retraitants et des groupes. Les 3 premiers frères émirent leurs premiers vœux en 1956-57, leurs vœux solennels en 1961 et furent ordonnés prêtres en 1963-64.